Sari la conținut

À propos – Despre – About

SITE  PANAÏT  ISTRATI

    UN ECRIVAIN POUR DEUX PAYS

ou peut-être

UN BILINGUE POUR TOUTES LES LANGUES DE LA TERRE

        Nous vous invitons à nous accompagner dans ce fascinant voyage au cœur de l’œuvre d’un grand citoyen de Brăila, en vous lançant le défi  d’interroger avec nous ses écrits,  témoignages et articles de presse . Vous y trouverez, nous en  sommes sûrs, des virtualités latentes et vous constaterez avec étonnement, combien PANAÏT  ISTRATI  DEMEURE  NOTRE  CONTEMPORAIN.

        Par la création de ce site, nous nous proposons d’enrichir le PROJET  EDUCATIF D’ ENVERGURE réalisé sur RADIO ROUMANIE, 25 ans durant, sous la protection  spirituelle éclairée de l’admirable chef de la  IIIe chaîne – Mme SOFIA ȘINCAN, avec la belle complicité d’ALEXANDRU  TALEX, biographe, traducteur, exégète de l’œuvre d’Istrati, de DAN URSULEANU, remarquable réalisateur  d’émissions sur Radio Roumanie, de FLORIAN PITTIȘ, célèbre  acteur et metteur en scène, de JEANNE- MARIE SANTRAUD, professeur émérite de la Sorbonne et de CHRISTIAN GOLFETTO, président de la Fondation LES AMIS DE PANAÏT ISTRATI  de France.

        Au croisement de différents  chemins virtuels, nous vous proposons donc  de rencontrer celui que JOSEPH  KESSEL nommait  LE PRINCE DES VAGABONDS,  cet éternel rebelle, amoureux des beautés de la terre,  d’un vécu authentique, de  liberté solaire,  ce rêveur qui s’entêtait à croire inébranlablement  à la spiritualisation de l’existence humaine.

        Voici donc PANAÏT  ISTRATI vu par PANAÏT ISTRATI :

        J’ai eu d’abord pour compagnon  de vie et de voyage la malédiction d’un monde  animé par l’égoïsme, cette terrible loi qui me montrait à chaque pas un frère  dépouillant son frère  à son profit. Je n’ai pas traversé la vie en respirant l’odeur d’une rose ou en regardant rêveusement les étoiles. La compagnie d’une mère qui rentrait le soir, les mains crevassées par le gel et la lessive, qui recousait pièce sur pièce, qui renonçait à son propre pain  pour acheter  vêtements et livres, cette première compagnie,  m’a fait haïr à jamais le monde païen, qui a fait de la vie de nos mères un enfer sur terre.  Par la suite, j’ai eu pour compagnie  toutes ces ombres révoltées de naissance, que le destin a semées le long de mes incessants  voyages…  Ombres,   fantômes,   héros inconnus, que personne ne voyait,   êtres venus d’ailleurs ! Je les ai tous et toutes perdus, mais ils vivent tous encore vraiment dans mon cœur. Et lorsque je prends la plume et que je me penche sur ma feuille blanche,  je n’ai pas besoin d’inventer des abîmes aux effets de mélodrame, de spéculer sur la stupidité humaine, qui ne pense  qu’à s’amuser : les yeux perçants de mes camarades de rêves surgissant des ténèbres du passé, comme les lucioles dans  la nuit, me demandent d’être  humain  avant que d’être un homme de lettre.

        Ramener au présent les inquiétudes de PANAÏT  ISTRATI sur la ROUMANIE D’HIER ET D’ AUJOURD HUI, ses questions restées sans réponse  sur l’avenir de l’humanité, ses certitudes sur la condition humaine  est une possibilité incitante, à notre portée,  pour approfondir l’expérience singulière de sa vie.  Nous sommes certains que les internautes d’aujourd’hui ont bien besoin de ce genre d’incitation, de l’exemple riche d’enseignements offert par  l’existence ardente de PANAÏT ISTRATI.

        Nous vivons à une époque de la vitesse  et de  l’avidité matérialiste. L’écrivain  fait son travail  à la va vite. Tout le monde manque de temps. Chacun veut « vivre sa vie ». Et puis, il y a le cinéma, la radio, les sports. C’est la mort de la foi. Nous plongeons de plus en plus profondément dans une époque de plaisirs faciles, où la personnalité de l’écrivain, du lecteur et même du peuple – surtout  des peuples occidentaux, – se retrouve  estompée, se ramollit et se laisse entrainer  par une commercialisation irrésistible des sentiments et des  convictions. Le populisme ? Une mode. Une mode de plus, à laquelle ne croient plus ni l’écrivain, ni ses personnages, ni encore moins ses lecteurs. Or, plus que jamais, nous avons besoin, de nos jours  de beaucoup de sincérité, de détachement et d’héroïsme, si l’on veut échapper au matérialisme abject qui nous dévore.

        Ce sont là des considérations de Panait Istrati,  datant des débuts du siècle passé ! Est-ce possible ? En connaissant PANAÏT, les jeunes de nos jours comprendront la grande leçon de son esprit, son humanisme visionnaire, le besoin suprême de vivre sous le signe de la liberté, son énorme disponibilité à aimer.  Ils seront, nous l’espérons bien, séduits par  l’exhortation d’Istrati à  développer sans cesse   notre générosité,  à faire reculer l’égoïsme et la souffrance universelle, à accorder une attention chaque jour plus tendre à  ceux qui nous entourent et, surtout, à faire un effort pour  introduire dans notre vie la beauté, pour devenir ce qu’ISTRATI nommait  DES  HOMMES  SOLEILS, c’est-à-dire  DES HUMAINS  GENERATEURS  D’UNE VIE SUPERIEURE.

            Le défi que nous  lançons aux internautes est donc d’entrer  en dialogue avec l’œuvre de PANAÏT  ISTRATI, d’imaginer, – pourquoi pas ? – un miracle qui le  ramènerait  parmi nous. Savez-vous ce qu’il nous reprocherait ? Pauvres gens, – nous dirait-il, sans doute –  plus vous disposez  de moyens de communication,  moins vous communiquez entre vous et  de façon toujours plus FAUSSE.  NOUS AVONS UN TEL BESOIN DE  PANAÏT  ISTRATI  DANS  CE MONDE SI PAUVRE EN  IDEAUX  ET  RÊVES ! L’immense ouverture de son œuvre à une réalité supérieure aura, nous l’espérons, la capacité d’éveiller plus souvent  chez les internautes le désir  de frôler le souvenir de celui que l’on a, à juste titre, défini comme le pèlerin de l’amour fraternel, du cœur généreux, enthousiaste,  affamé d’espace, de poésie,  fignolant des mots et ordonnant des symétries  avec la sincérité douloureuse d’un homme que la vie a pu casser sans annuler son humanité. Les Français ont reconnu à PANAÏT  ISTRATI  sa capacité  d‘élargir les frontières de la carte  littéraire du monde, en y incorporant vigoureusement la Roumanie, les bords du Danube, la plaine du Bărăgan, la ville de Brăila, avec ses banlieues pauvres et ses églises.

 Nombreux sont ceux qui ont rendu éloge à l’unité parfaite qui existe entre la vie et l’œuvre  du conteur Istrati : une identification absolument anatomique, a-t-on dit et à juste titre.  La vie de Panaït Istrati est, en elle-même, un roman palpitant.

            Son enfance pauvre, l’école trop tôt interrompue, les métiers successifs, le travail incessant, les années de vagabondage sont autant de contacts avec les  réalités dures de la vie. Très jeune, PANAÏT  ISTRATI se rapproche du mouvement socialiste.  Il  commence à publier. Il continue de changer de métiers. Avec son ami Mikhaïl, ils s’embarquent  clandestinement  pour l’Egypte. Voyages et aventures en Egypte,  en Syrie, à Beyrouth, dans  les monts du Liban. Et partout, il noue des amitiés durables. Il rentre en Roumanie. Suivent des années de pauvreté, d’activité et responsabilités syndicales.  Il attrape la tuberculose. En 1913 il se rend pour la première fois à Paris. Il y est hébergé par  son ami Georges Ionesco. Sans entrer, pour le moment,  dans  d’autres détails, mentionnons quelques points  essentiels  de la vie de l’écrivain. Une tentative de suicide en 1921, à  Nice, l’amitié et le soutien du grand écrivain français ROMAIN ROLLAND, ses grandes œuvres littéraires écrites en français, son rapprochement d’une autre célébrité  de l’époque, l’écrivain grec NIKOS  KAZANTZAKIS , ses deux voyages dans la Russie des soviets, la désillusion  totale  concernant  l’URSS, à propos de laquelle il écrira la vérité, la campagne de dénigrement lancée  contre lui sur ordre de Moscou par HENRI  BARBUSSE et soutenue par la gauche française, son retour déçu en Roumanie, le mariage avec MARGARETA  IZESCU , les persécutions, l’aggravation de sa maladie et son décès en avril 1935.

        Notre site  met en page des témoignages et opinions sur la vie et l’œuvre d’ISTRATI, de la part d’hommes de lettres qui ont eu le privilège de l’avoir connu, mais aussi de ses commentateurs posthumes.  Il comprend des  séquences de spectacles PANAÏT  ISTRATI, de films inspirés par son œuvre, de documentaires TV qui lui furent  dédiés, aussi bien en France qu’en Roumanie.  L’un d’eux est signé par  le journaliste

et écrivain  Dionisie Șincan:

        On l’a admiré et on s’est émerveillé devant la vivacité et la générosité  des petites gens qu’il a mis en lumière, en découvrant dans ce monde-là des abîmes de sagesse, de sensibilité, de poésie profonde,  de douleur, de haine, de solidarité,  un désir de liberté et d’amour allant au-contrainte. On l’a hué pour avoir dévoilé la vérité, pour ne pas avoir  épargné l’imposture, les spectacles de foire, le crime, le mensonge poussé au paroxysme. Sa phrase était un fouet, une pierre projetée tout droit sur les miroirs menteurs, une pioche démolissant les constructions à la Potemkine. Tel fut Panaït Istrati . Tel est Panaït Istrati .

        Ainsi commence DIONISIE ȘINCAN son admirable documentaire TV dédié à notre rêve réalisé  BALKANS ET MEDITERRANEE- UNE TRADITION DE L’ECHANGE  – un programme lancé et organisé  par les Associations  Roumaine et Française des  « Amis de Panait Istrati », sélectionné en 1995, par l’Union Européenne.

        En accédant à notre site, vous pourrez nous accompagner au cœur de ce programme,  qui est notre voyage initiatique sur les traces de Panaït Istrati et de son ami Nikos Kazantzakis en Roumanie et en Grèce. Vous pourrez lire en entier le témoignage de VIRGINIE BARRE, jeune journaliste, photographe de presse de France, qui a participé au programme. En voici un bref fragment : Recette. Vous prenez une poignée de Français, quelques Italiennes et un important groupe de Roumains. Vous les mettez dans le même  car et vous les lancez sur les traces d’ ISTRATI  et KAZANTZAKIS : vous visitez la Roumanie, vous traversez la Bulgarie, vous visitez la Grèce. Vous voyagez longtemps et vous parlez tout autant. Vous écrivez,  photographiez et   regardez la pâte lever. Lorsque vous séparez les éléments essentiels, refaites une  analyse. Ils semblent pareils, mais ils ont changé. C’est ce qui s’est passé au cours de cette rencontre européenne qui a  naturellement engendré un travail littéraire et artistique commun. Nous sommes tous rentrés chez nous avec un esprit plus ouvert.  Ce voyage nous a permis de découvrir non seulement les chemins menant à l’œuvre d’Istrati et Kazantzakis. Nous avons aussi  traversé des ponts qui ont permis à chacun d’entre nous d’avancer  petit à petit  l’un vers l’autre.

        Dans archive nous avons des enregistrements d’autre fois avec  DEMOSTENE BOTEZ  et VASILE BĂNCILĂ, ALEXANDRU TALEX  et  MARGARETA  ISTRATI , documents sonores  d’une valeur documentaire exceptionnelle.

         L’historien et critique littéraire TEODOR VIRGOLICI éclaircira pour vous les ressorts profonds de la collaboration  de PANAIT  ISTRATI avec la revue CRUCIADA  ROMÂNISMULUI , l’écrivain et professeur de roumain MARIA COGĂLNICEANU, le professeur de français et  traductrice  LILIANA ȘOMFĂLEAN nous présenteront l’œuvre et la vie d’Istrati en de séduisants commentaires.  Le site  vous invite à découvrir  les considérations inspirées  sur PANAÏT  ISTRATI  des poètes MARIN SORESCU  et PETER SRAGHER, du critique littéraire EUGEN SIMION, de l’écrivain et professeur d’université TITUS VÎJEU .

        Vous y  trouverez des articles, écrits en français et italien, par feu le professeur SERGIO SACHI  de Trieste. Vous ferez la connaissance de l’éminent spécialiste français d’Istrati ROGER DADOUN , professeur émérite de littérature comparée,  philosophe, psychanalyste et poète, enchanté par l’art du conteur Istrati, par la mise en scène des personnages, par la dynamique intérieure de la narration et par l’ analyse avec talent de la philosophie  du désir  dans des romans comme TSATSA MINKA. Le professeur d’université, critique et historien littéraire NICOLAE BALOTĂ  nous expliquera  en douceur la perception du lecteur français sur l’œuvre d’Istrati, « étrange et mystérieux mélange de sauvagerie et raffinement , de naïveté et art élaboré  de celui qui, entre la langue de sa mère – le roumain et celle de son père – le grec, a choisi de  s’exprimer en français, la langue de son mentor spirituel ROMAIN ROLLAND ». Vous apprécierez certainement les considérations d’ELISABETH  GEBLESCO,  écrivaine française  d’origine roumaine,  qui explique la métaphore paternelle de PANAIT  ISTRATI, sa rencontre décisive avec ROMAIN ROLLAND , qui devait devenir pour ce natif du port de Brăila, aspirant à la notoriété littéraire, le père perdu et retrouvé.

        Les amateurs de littérature comparée auront  aussi la révélation des commentaires inspirés de JEANNE – MARIE SANTRAUD,  professeur émérite de la Sorbonne.

        Vous pourrez admirer sur notre site, des photographies de l’archive personnelle du réalisateur HENRI COLPI, auteur inspiré du film CODINE . Vous pourrez aussi  écouter sa voix, dans des interviews qu’il m’avait accordées en exclusivité. On retrouve sur ce site, dans des enregistrements  appartenant à la PHONOTEQUE  D’ OR de nos associations, le merveilleux istratien CHRISTIAN GOLFETTO , directeur des  CAHIERS  PANAÏT ISTRATI , publiés en France, président de la Fondation  Française «  Les Amis de Panaït Istrati », qui nous fait part de son admiration pour la capacité du grand artiste de Brăila à rester fidèle à ses convictions, à ses rêves, à son idéal social, à la vérité et  à la beauté, auxquelles il avait cru toute sa vie.

        En commentant le rapprochement d’Istrati du socialisme, puis son éloignement sous le signe de la faillite de l’espoir,  CHRISTIAN GOLFETTO analyse la critique sévère  par l’écrivain de la dictature stalinienne instaurée en URSS, dans le volume  « VERS L’AUTRE FLAMME », mais aussi  l’offensive calomnieuse lancée contre l’écrivain pour avoir osé se dédire du régime du socialisme  victorieux , ainsi que l’acte de justice postérieure rendu à Istrati par le journal l’Humanité.

        Vous trouverez aussi sur notre site la voix distinguée du grand istratien  que fut le professeur et critique français JEAN  HORMIERE, dans quelques interviews  sur l’Association Française des  « Amis de Panaït Istrati »,  dont il fut l’illustre  président, sur la vocation de voyageur de l’auteur de Kyra Kyralina, en parallèle à un autre grand écrivain vagabond, l’américain Kérouac.

        Les textes sont tant en roumain qu’en français .Une équipe d’admirables traducteurs ont contribué à   cette construction: IRINA MAVRODIN , LILIANA ȘOMFALEAN, JEANNE LUTIC, MANUELA GHERGHEL DODILE, DAN URSULEANU.

        Des acteurs roumains célèbres tels FLORIAN PITTIȘ, MARCEL IUREȘ, VICTOR REBENGIUC,  MIRCEA ALBULESCU, CONSTANTIN CODRESCU, FLORIN ZAMFIRESCU , EMIL HOSSU, CARMEN GALIN , MIRELA  GOREA,  IRINA PETRESCU  faciliteront, sans aucun doute, l’approche des  héros de  PANAÏT ISTRATI.

        Trente années durant, dans toutes les émissions que nous lui avons dédiées sur RADIO ROUMANIE  et elles furent nombreuses ,  PANAÏT ISTRATI  AVAIT  VRAIMENT  LA VOIX  ET LE CŒUR DE L’ AMI FLORIAN PITTIȘ .

        Ne  perdez pas l’occasion de l’écouter dans MIHAIL, un spectacle radiophonique d’une rare beauté. Il suffira d’accéder  sur you-tube le nom de FLORIAN PITTIȘ et d’ajouter le mot-clé MIKHAÏL . Vous aurez droit, je vous en assure, à un régal FLORIAN PITTIȘ- ADRIAN PINTEA , qui interprètent une partition de grande virtuosité littéraire , signée  PANAIT ISTRATI. FLORIAN PITTIȘ est ADRIEN ZOGRAFFI , ce personnage istratien  d’une émouvante authenticité, qui, comme le dit Istrati, ne fait pas de littérature. Il s’en sert pour protester, d’abord contre  certaines choses  mal faites par les hommes et par le Créateur. Ensuite, pour sauver de ce grand tohu-bohu universel tout ce qui est joie de vivre à tout prix, liberté et amour.

        Notre site donnera aux internautes l’occasion d’ une rencontre tout à fait spéciale. Ils feront la connaissance de MARGARETA ISTRATI. Ils admireront sa beauté aussi bien  sur les photos que dans ses témoignages émouvants, sur celui dont elle a cultivé 56 années durant, avec un profond amour, la mémoire, en le ramenant sans cesse et miraculeusement au temps présent , son PANAÏT à elle. Il va sans doute que les documents sonores les plus précieux du site sont les interviews en roumain et en français de MARGARETA  PANAÏT  ISTRATI et d’ ALEXANDRU TALEX , un être singulier qui , tout comme PANAÏT ISTRATI,  était solidaire non pas des personnes, mais d’une aspiration, car : LES HOMMES DEVIENNENT DES FRIPOUILLES , L’ASPIRATION DEMEURE  TOUJOURS  PURE, CAR ELLE EST REJETEE A TOUS LES BANQUETS DE LA VIE pensait TALEX.

        Il avait 25 ans lorsqu’il a connu Panaït Istrati. Son œuvre l’avait séduit. Il avait été  conquis par  sa vie héroïque faite de souffrance, d’amour au delà de l’amour.  Il  a compris comme personne, combien   Istrati avait souffert d’avoir été vaincu par la vie, vaincu par les hommes, mais qu’il était un vainqueur par la force de son œuvre immortelle.  Dans une interview qu’il m’avait accordée, il y a  de cela quelques années, ROGER GRENIER, éditeur de l’oeuvre de Panaït Istrati  chez Gallimard, m’a déclaré avoir été plein d’admiration pour  ce grand ami de l’auteur de Kyra Kyralina, que fut ALEXANDRU TALEX. « Je ne connais pas, avouait ROGER GRENIER , d’autre exemple d’une telle abnégation et d’un tel oubli de soi au profit d’autrui. Parmi les remarquables cadeaux que la vie m’a faits, l’un des plus précieux  fut   d’avoir connu  ALEXANDRE TALEX » (fin de citation).

        Il ne s’est jamais pris pour  autre chose, qu’un simple apprenti de l’oeuvre de Panaït Istrati. Le 16 avril 1935, lorsque Istrati fermait les yeux, TALEX  connut le désespoir de rester seul au monde, comme il le disait avec amertume.

        En réfléchissant à la vie d’ISTRATI,  ALEXANDRU TALEX  a continué d’une manière incroyable la vie de son ami. IL A OUBLIE DE VIVRE SA PROPRE VIE, IL A CONTINUE,  EN DEFIANT L’IMPOSSIBLE, CELLE DE PANAÏT  ISTRATI , faisant siens ses rêves, continuant sa démarche littéraire, pour devenir son alter ego dans la postérité.

        Traduisant en roumain son œuvre, réalisant des éditions de prestige, si riches en notes et annexes, publiées aussi bien en Roumanie qu’en France, TALEX  fut le biographe le plus avisé de PANAÏT ISTRATI  et il nous a  offert une fine compréhension du sens profond de son œuvre.

        Oui, PANAIT ISTRATI avait raison. Une grande amitié est tout aussi rare qu’un voyage idéal, même si  ces deux événements de la vie reposent sur des lois naturelles  tout à fait différentes. Dans les deux  cas le pressentiment de l’accord parfait qui suivra se produit au premier coup d’œil et non pas après de longs  atermoiements  et insistances, tout comme dans le chaos de l’espace, les éléments doivent se coaguler ou se rejeter en un instant. L’amitié est un amour qui anoblit la vie et lui donne du sens. Elle est pareille  à la générosité et elle est le seul sentiment désintéressé. L’ayant perdue, l’être humain suit sa trace lumineuse. Toujours retrouvée, la trace est visible sur tous les sentiers de notre vie.

        C’est sous  ce signe de l’amitié que se sont aussi déroulés les RENCONTRES D’ETE  CREATIVES   BILINGUES FRANCO-ROUMAINES qui se sont proposées de familiariser les jeunes avec les exigences de la création littéraire et plasticienne professionnelle.Sélectionnés suite aux Concours annuels de Création Littéraire et d’Arts Plastiques  PANAÏT  ISTRATI  lancés par  RADIO ROUMANIE JEUNESSE et sponsorisés par  le MINISTERE DE LA JEUNESSE, dont le titulaire était alors l’enthousiaste ALEXANDRU MIRONOV,  les participants à ces colonies de vacances créatives  ont accompli pour la postérité le rêve d’Istrati, car pour lui la littérature était un moyen d’expression et de communication entre les humains.

        Réunis dans les camps de PÂRÂUL RECE – 1992, LACUL SĂRAT – 1993, DĂRMĂNESTI – 1994, les jeunes  admirateurs d’Istrati ont réussi à donner dans leurs ouvrages, une nouvelle actualité émouvante, vibrante à l’œuvre de PANAÏT ISTRATI. L’archiviste sentimental de ces colonies de vacance fut HORATIU MĂNDĂŞESCU, dont le rôle dans le choix des images et innombrables  documents pour ce site est essentiel. Merci, Horațiu.

        Sur la valeur éducative de ces  camps créatifs, nous avons le témoignage de deux merveilleuses istratiennes, les professeurs LILIANA ȘOMFALEAN et MARIA COGĂLNICEANU.Voici d’abord , LILIANA :

         Comment trouver des adeptes parmi les jeunes ?Par l’amour et la passion, en ayant  la patience d’ouvrir petit à petit le précieux coffret  du  texte et de la pensée de l’écrivain de Brăila. je suis certaine qu’en voyant mes jeunes amis , ici à LACUL SARAT , Istrati aurait plus   que jamais la certitude que ce sont EUX,  LES JEUNES , qui sont les trésoriers de nos espoirs, de la confiance et du courage de regarder venir nos lendemains. Ce serait une erreur que de sous-estimer  l’aspect éducatif d’une telle entreprise. Une  colonie  créative, comme celle de Lacul Sărat,  ne saurait être que bénéfique pour l’évolution des enfants et des jeunes participants .

        Voici aussi le témoignage de MARIA COGĂLNICEANU :

        Les colonies Internationales   créatives  des « Amis de Panait Istrati » demeurent pour moi une union, belle et nécessaire, de tous ceux qui n’ont pas perdu l’espoir en la renaissance de la nation, la foi dans la perpétuation de l’esprit d’Istrati, par delà les frontières du temps  des historiens et des espaces nationaux. Nous en attendons des conséquences bénéfiques d’ordre culturel, une approche de l’œuvre d’Istrati sous des angles nouveaux, sans préjugés.

        MARIA COGĂLNICEANU, LILIANA ȘOMFĂLEAN,  CORINA COSTOPOL,  DIMA , SABINA MADUȚĂ, SOFIA ȘINCAN, MUGUR POPOVICI, LIVIU PANĂ, CRISTIAN MATEESCU, HORAȚIU MĂNDĂȘESCU,  nous avons fait l’éloge de chacun d’entre eux, dans un témoignage que CHRISTIAN  DELRUE, l’admirable  président de l’Association Française des AMIS DE PANAIT ISTRATI , publiera en France, au futur numéro de LE HAIDOUC. Une amitié istratienne des plus belles nous unit, un véritable miracle de fidélité dans un monde trop pressé, qui  nous  habitue aux amitiés à brève échéance, qui deviennent  par la suite de simples connaissances.

        Nous constatons malheureusement au jour le jour  combien  la sensibilité collective se dégrade. Une bien décevante crise de l’âme et de l’esprit pointe à l’horizon.

        L’humaniste visionnaire Panaït Istrati n’a cependant pas perdu espoir. Il avait la certitude que : Les valeurs attendent toujours les élus capables de les incarner. Les valeurs humaines sont partout. Tout dépend  de ceux  qui les cherchent et comment.

        L’amitié est une valeur essentielle, à laquelle l’auteur de KYRA KYRALINA croyait au plus haut point. Les arguments de PANAÏT ISTRATI  sur ce sujet  sont   des plus persuasifs :

        Seule l’amitié peut révolutionner le monde, la vie, car là où elle existe, il y a la bonne entente

        Heureux ceux dont le cœur connait la passion de l’amitié. Elle seule peut rendre la solitude moins meurtrière et la vie supportable.

        Pour adorer un ami, il doit être porteur d’un altruisme  sublime, comme le soleil l’est pour certaines fleurs, qui attendent l’aube afin d’ouvrir leur corolle.

        L’amitié est la flamme éternelle. Celui qui l’a  connue a atteint l’absolu : la vie peut par la suite le faire déborder de venin, la bonté lui reste.

        L’amitié augmente par la constance et la durée, et toute infidélité lui est incompréhensible : plus on est nombreux, mieux c’est.

        Ce qui compte et que l’on n’oublie jamais ce sont les grandes amitiés, qui  font des miracles.

        Pour moi, c’est la grande amitié qui me lie à SOFIA ȘINCAN  et à ANCA  EREMIA  qui  fit des miracles.  J’étais  chez Anca,  à Gênes, en Italie. On  préparait  une excursion, pour une destination longtemps désirée,  à  CINQUE TERRE, lorsque arrive  un coup de fil de VLAD SCOLARI , le fils d’Anca, réalisateur et acteur travaillant à Milan et nourri depuis son enfance par les livres de Panaït et mes scenarios radiophoniques sur le  merveilleux vagabond.  C’est peut-être pour lui faire plaisir que Vlad a communiqué fermement à sa mère : Je veux mettre en scène une œuvre de Panaït Istrati. Aidez-moi à  choisir ! Moi, j’aime   tout.

        Imaginez un peu mon sentiment, ce jour là. Le jeune Vlad avait besoin de nous ! Il acceptait notre  amour pour Panaït, pour renforcer le sien,  afin de pouvoir le transmettre au public italien. Le défi nous parrut exceptionnel. Nous avons renoncé à CINQUE TERRE , on avait une autre terre à sillonner, LA TERRE PROMISE , la terre bénie de l’œuvre de  PANAÏT  ISTRATI.

        Je savais à quel point Vlad aimait Nerrantsoula, combien il était fasciné par  Kyra Kyralina. Dans nos longs dialogues  sur Istrati, notre préférence commune allait vers Mikhaïl.

        Pourtant, sans hésitation, j’ai choisi autre chose : VERS L’ AUTRE FLAMME . VERSO UN ALTRA FIAMMA fut la traduction presqu’instantanée d’Anca, du titre du livre d’ISTRATI , que nous devions proposer à VLAD .  Imaginez trois  femmes amoureuses de PANAÏT, vivant des heures de fièvre intense, en train de s’abandonner sans réserve à leur passion. Pragmatique, évidemment, comme tous les chefs, Sofia prit alors une feuille blanche et se mit à écrire une argumentation qui poussa Vlad à adopter notre suggestion.

        VERS L’AUTRE FLAMME, OUVRAGE  CAPITAL  DE L’ECRIVAIN,  QUI A MARQUE SA DESTINEE A L’ EPOQUE, MAIS AUSSI LA POSTERITE LITTERAIRE. Le livre est plus que jamais actuel. Il devance courageusement ORWELL. Mais aussi ANDRE GIDE .

        En un temps record, Vlad et Anca ont traduit en italien VERSO  UN ALTRA FIAMMA. C’ EST VLAD QUI A CONÇU  LE SCENARIO . Avec intuition et intelligence, avec talent . IL A ENSUITE MIS EN SCENE CE PRESTIGIEUX  ESSAI  POLITIQUE , très difficilement transférable  en SPECTACLE DE THEATRE.  Mais à 25 ans, il est palpitant de défier l’impossible.  Ce que VLAD SCOLARI a fait avec une superbe désinvolture.  Du peu d’argent qu’il possédait, il a  financé cet admirable projet culturel, assurant tous les frais du décor, des costumes et lumières et de la musique.

        De Milan à Rome, de Gênes à Pavie, le spectacle  VERSO UN ALTRA FIAMMA a traversé l’Italie , sous les applaudissements d’un public amoureux du théâtre d’idées, qui a pu  faire ainsi la connaissance d’un Istrati déboussolé, obligé de se déclarer avec une immense douleur   VAINCU.  Il a transmis au public la profonde révolte d’Istrati qui, après un premier voyage en Russie soviétique, en qualité d’invité d’honneur des autorités et dans des conditions de « potemkinisme » officiel, découvre, lors de son deuxième voyage, de 16 mois, fait à ses frais et en évitant les trajets de propagande, L’ABCES PURULENT DE LA REVOLUTION RUSSE .

        En contradiction avec la toile  trompeuse  dessinée  par la propagande, Panaït constate que la situation économique  de l’URSS est catastrophique . Il dénonce une BUREAUCRATIE  ETOUFFANTE, il  gueule  contre  la campagne sanglante de représailles mise au point par Staline contre ses opposants politiques. Exécutions, déportations, exclusions du parti. Il faudrait être aveugle ou complice pour ignorer de telles réalités abominables.  Istrati espérait trouver en URSS une utopie appliquée, mais il y rencontre la triste réalité dans laquelle survit, sans l’espoir d’un avenir  meilleur, un peuple abandonné. Comment a-t-on reçu son  douloureux témoignage ? C’est ce que nous dit  PANAÏT ISTRATI lui-même :

  Le jour où j’ai crié  la vérité, l’heure de ma punition a sonné. Dès que j’ai affirmé qu’il n’existe généralement que des loups pour  diriger  l’humanité des deux côtés de la barricade, le vide le plus total  s’est creusé autour de moi.  Il me reste pour me consoler ces paroles que ma sainte mère me disait souvent : Mon enfant, personne ne vient embrasser ta bouche amère, sauf le bon Dieu !  J’ai cru avec force à la fraternité des humains, mais je n’y crois plus.  J’ai cru aux merveilles du progrès et je vois que la société est une arme servant à avilir l’âme. J’ai fini par croire  au pouvoir bienfaisant d’un seul homme pour  diriger un Etat. Mais j’ai vu que le maître s’entoure de serviteurs soumis comme des chiens. Ce fut un grand amour, mais il dura peu de temps.  Alors,  ne sachant que faire de la force  dont je disposais et qui ne cessait de croître, j’ai cherché une échappatoire en Russie Soviétique,  dont  j’approuvais  depuis longtemps les actes sans les vérifier . Là, mon amour fut d’encore  plus courte  durée et la désillusion, comme on le sait, totale.  Avec ou sans  pavage, avec ou sans électricité, avec ou sans hygiène, avec ou sans confort, l’homme demeure bon ou mauvais. Tel qu’il est venu au monde.  Les bons et les justes sont plus rares que les diamants et, personnellement, ce sont les seuls qui m’intéressent. La vie humaine se nourrit de choses pratiques, utilitaires et matérielles, sans en souffrir.  Une étable saine, une nourriture abondante, un bon traitement.    Un peu d’amusement aussi…  Une écrasante majorité se range dans cette animalité. Regardez avec quel élan des gens entourent  un Staline, un Hitler, un Mussolini, qui leur promettent une meilleure étable et les envoient  la conquérir au prix de leur vie. C’est dans cette masse animale que l’on recrute le savant dépourvu de conscience, l’artiste sans vocation, l’homme d’Etat – canaille, tous  ceux-là,  qui  sont avides d’étables glorieuses . Ils n’ont pas d’autre but dans leur existence bestiale. Seulement,  la vie n’est pas faite seulement du côté pratique, de l’utilité  matérielle. Elle réclame le sublime absolu. Seule cette goutte de sublime, si elle existe, signifie la vraie vie. Elle est la seule qui réclame de façon impétueuse la continuité pendant  des dizaines de siècles. Elle est la seule qui trouble l’homme. Plus que la faim, plus que la maladie, plus que l’idée de la vie. C’EST L’ETERNITE. IL N’Y EN A PAS D’AUTRE.

Le jeune français JACQUES BAUJARD est un libraire,  amoureux des livres, bien entendu, mais aussi un enthousiaste, un têtu qui sait imposer ses rêves, une personne inspirée. Il est tombé tout à  fait par hazard  sur l’œuvre de Panait Istrati. Un beau jour, dans sa librairie parisienne, est entré un Monsieur . Il cherchait un livre : NERRANTSOULA  par PANAÏT  ISTRATI . Comme il ne l’avait pas, Jacques a promis de se le procurer au plus vite. Il l’a invité à revenir. Il a commandé le livre chez GALLIMARD, mais l’inconnu n’est plus revenu. Le titre  énigmatique et musical a suscité la curiosité de Jacques. Il a commencé à le lire.  Et le miracle s’est produit. Je crois que je ne remercierai jamais assez cet inconnu. Cet homme, que je n’ai pas revu, m’a permis de découvrir Panaït Istrati. Et m’a donné l’incroyable  chance d’entendre pour la première fois  le refrain de sa petite porteuse d’eau, dont le seul crime fut d’aimer trop passionnément.

  « Au  bord de la mer, sur la grève, Nerrantsoula Foundotti, une vierge rinçait sa jupe, Nerrantsoula Foundotti ».- devait avouer Jacques.

« CE N’EST PAS LA LITTERATURE QUI DOIT RESSEMBLER A LA VIE , C’EST LA VIE QUI DOIT RESSEMBLER  A  LA  LITTERATURE ». 

        C’est là une citation du livre d’un auteur mexicain très prisé par Jacques. Ce sont les premiers mots qu’il m’a écrits en 2013, avant de venir en Roumanie, à la recherche de la littérature vécue par Panaït Istrati. Il m’a  alors raconté comment il était tombé amoureux d’Istrati. Il avait  lu  d’un trait son œuvre. Il avait été séduit par la révolte organique de ce  grand écrivain  braïlois contre toute forme d’oppression, il avait fait siennes ses idées :

La libertéaffirmait PANAÏT ISTRATI , –  est la seule possession terrestre à laquelle il faut savoir tout sacrifier : argent, gloire, santé, vie et même sa propre liberté. Chose étrange, bien que ce soit  le bien le plus élémentaire, le plus simple, le plus naturel,  dont on puisse bénéficier sur terre, la liberté est le seul bien  pour la conquête duquel nous devons être toujours prêts à  mourir ou à aller en prison. La moindre défection et voici qu’apparait l’éternel homme cupide,   matraque de la dictature à la main, Cela je l’ai compris depuis quelques temps. Je croyais  à une totale extension de la liberté sous la dictature d’une aristocratie du cœur, issue de ce prolétariat qui a tant souffert du manque de liberté.  Je n’y crois plus. Je placerai ma plume et ma vie au service de la liberté. Je lutterai contre toute infamie et pour la justice. (fin de citation).

        La passion de JACQUES BAUJARD pour Istrati m’a semblé exceptionnelle.  Je l’ai encouragé à lui consacrer un livre.  Lorsqu’il a commencé à l’écrire, JACQUES avait, formidable coïncidence, 25 ans, tout comme TALEX  lorsqu’il avait fait la connaissance  de Panaït et, comme Vlad, lorsqu’il a mis en scène VERSO UN ALTRA  FIAMMA .

        Le livre est intitulé PANAÏT ISTRATI, AMITIE VAGABONDE. Il a été publié aux éditions TRANSBOREAL de Paris, en 2015. C’est un essai  biographique, écrit avec désinvolture, charme et talent. Le livre d’un jeune homme, sur un grand amour. En le lisant, on peut comprendre  pourquoi Jacques  s’est tellement attaché et dévoué à l’œuvre de Panaït Istrati.

        C’est en écrivant les dernières lignes de ce livre, heureux d’apercevoir enfin le bout du tunnel, qu’il a  compris l’importance     

 d’une qualité extraordinaire de Panait Istrati : le travail sans répit. Sauvage. Acerbe. Poussé héroïquement jusqu’au bout. LE TRAVAIL.

        Pour Jacques, écrire est  une activité difficile en soi. Ce fut un rêve, à la limite du fantasme – avoue-t-il –Et lorsque l’on n’a pas poursuivi d’études supérieures que l’on posède, comme  bagage littéraire la culture que l’on s’est constituée en autodidacte, que l’on doit travaillez douze heures par jour pour gagner  son pain., la tâche paraît insurmontable.  – affirme Jacques . Et combien de fois n’a-t-il pas été sur le point de renoncer ? Il ne l’a pas fait. Il était sans cesse animé par l’exemple du merveilleux vagabond, qui n’a jamais abandonné ses rêves.

POUR  JACQUES  BAUJARD,  PANAÏT  ISTRATI  N’EST PAS SIMPLEMENT UN ECRIVAIN OU UN AMI , IL EST L’UN DES TEMOINS LES PLUS IMPORTANTS ET LES PLUS LUCIDES DE SON EPOQUE. IL A EU LA SAGESSE DE N’ADHERER  NI  AU CAPITALISME, NI AU NAZISME , NI AU SOCIALISME . Cet implacable révolté du XXe siècle ne s’est pas laissé embobiner par des mythes de progrès ou par des idées préconçues. De nos jours, lorsque souffle sur la terre un vent d’égoïsme, qui nous glace le cœur, nous avons besoin de belles flammes, pour réchauffer l’humanité, pense JACQUES .

        Et il a su les réunir  ces belles flammes de façon magistrale en un FESTIVAL PANAÏT ISTRATI, qu’il a proposé les 15-17 mai 2015 au public parisien, avec une intarissable énergie. Les organisateurs en furent la librairie QUILOMBO et LE CENTRE DE CULTURE POPULAIRE du 11e ARRONDISSEMENT DE PARIS.

Le président de l’Association  Française des Amis de PANAÏT  ISTRATI, CHRISTIAN  DELRUE,   l’écrivain ANSELME JAPPE , le spécialiste des mouvements révolutionnaires de l’entre-deux-guerres CHARLES JACQUIER,  LINDA  LÊ, auteur d’une œuvre de référence sur PANAÏT  ISTRATI , éditée en 3 volumes aux éditions PHEBUS LIBRETTO  en 2006, le journaliste et écrivain PATRICK PERICHOT, les éditeurs GERALDINE CHOGNARD et EMERIC  FISSET ,  le  journaliste  et  grand voyageur ALAIN DUGRAND, GEORGES STASSINAKIS, le président  de la SOCIETE  INTERNATIONALE  LES AMIS DE NIKOS KAZANTZAKIS , YVETTE RENOUX  HERBERT ,  présidente d’honneur de la même société, directrice de la publication  LE REGARD  CRETOIS, ALEXANDRA MEDREA écrivain et traductrice, ainsi que l’acteur ZYGMUND BLAZYNSKI nous ont dévoilé pendant toute la durée du festival, par leurs interventions inspirées, les raisons pour lesquelles ils  tenaient ISTRATI pour un grand écrivain français et un grand conteur roumain. Le festival a privilégié la  présence de la Roumanie dans l’œuvre d’Istrati  mise en évidence par la sensualité de ses descriptions, par son immense courage de toujours dire vraiment ce qu’il pensait et de penser ce qu’il disait, réalisant ainsi un accord parfait entre sa vie et son œuvre .

 La conclusion de la rencontre de Paris des istratiens,  mise au point  très  professionnellement par  le jeune Jacques Baujard ?  Nous avons besoin de nos jours, dans nos  sociétés trop individualistes, victimes d’une économie de marché excessivement développée,  de l’attitude  éclairée, du généreux humanisme visionnaire  de PANAÏT  ISTRATI.  Jacques  nous a surpris par un miracle : le festival ISTRATI de Paris a bénéficié de la participation extraordinaire de personnages istratiens célèbres : Adrien, Codine, Marco, Nerrantsoula, Epaminonda, Aurel,  mère Joitsa, Floarea Codrilor , Mataké, Ionel, Spilcă, Movilă, Ieremia, Ilie, merveilleusement  animés par des  acteurs dont l’admirable  jeunesse et  le parfait talent  furent récompensés par les  applaudissements   d’un nombreux  public, formé presqu’entièrement de Français. Notons les admirables lectures musicales :

         VIE DE HAIDOUKS avec SARAH CARPENTIER, MATHIEU HA et LOIK LANTOINE  de la compagnie ATTACAFA,

         LA JEUNESSE D’ ADRIEN ZOGRAFFI avec LELIO PLOTTON  et  JONATHAN ROBERT de la compagnie LELA ,

        NERRANTSOULA avec CAROLINE  et ANATOLE DAVID , CHRISTOPHE GUILLE et NOEMIE NAEL  dans le rôle de la merveilleuse porteuse d’eau et avec JACQUES BAUJARD  dans le rôle  de Marco de la Compagnie DOINA. J’ai eu à Paris  le bonheur de voir  mettre en scène  par Noémie  ma dramatique d’après Nerrantsoula, que j’avais traduite en français  il y a  longtemps, sans espérer que le texte soit jamais utilisé en France. Mais le miracle s’est vraiment produit.

        Etonnante ingéniosité, sans limites, dans la création de masques et de costumes, dans la construction du décor, verve  dans  le jeu des acteurs à cet événement culturel du festival : la présentation d’une adaptation par le jeune ALBAN LEBRUN, metteur en scène et  interprète de Matache,  des CHARDONS DU BARAGAN . Les jeunes acteurs connaissaient par cœur le texte pourtant difficile, truffé d’expressions roumaines, presqu’imprononçables pour un Français . THOMAS DEVRED, ANAÎS METRAY,  IRENE RANSON , JONATHAN ROBERT, OLIVIER ROCHEREAU de L’Association  « LUNES DE JOURS » et de la Compagnie LE VIREVOLTANT ont mis sur pieds un spectacle ISTRATI  d’une grande beauté, plein de couleurs et dynamisme de vérité et de passion . Impossible de ne pas être contaminé par  le bonheur démesuré de ces jeunes acteurs de pénétrer dans l’univers istratien.  Jacques les a converti à sa foi inébranlable.  « Oui, mes amis, ne doutez jamais : la vie est littérature et la littérature est vie ». Croyons au miracles,  comme eux.

        Et comme le disait si bien le président de l’Association Française « Les Amis de Panaït Istrati » CHRISTIAN  DELRUE  rêvons  d’accomplir ensemble  de nouvelles PROUESSES ISTRATIENNES, qui soient à la hauteur du remarquable festival « Istrati » réalisé à Paris par JACQUES BAUJARD ,  qui a réchauffé nos  cœurs. Comme je le disais  dans ma prise de parole, à la fin du festival, il m’a semblé alors voir pour un instant Jacques coiffé de la casquette de GAVROCHE, faire  un clin d’œil à Istrati, en guise de salutation amicale, 80 ans après sa disparition et lui disant, avec la voix d’un splendide optimisme :

       EH, PANAITAKI, QUE LA TERRE TREMBLE DE NOTRE JEUNE  ENTHOUSIASME !

Camelia STĂNESCU – URSULEANU